décembre 2007 »
lunmarmerjeuvensamdim
12
3456789
10111213141516
17181920212223
24252627282930
31
Blog de Romy
La vie apres le blog
Eva de
Berlin
Jour 3


Un millimètre pour tout changer

C’est directement dans les bureaux du parti des Verts que Silke m’a donné rendez-vous pour l’interview. Il y a trois semaines, cette étudiante de 24 ans a été élue responsable politique de la fédération des Jeunes Ecologistes. Un rôle qui lui tient à cœur.

Silke passe le plus clair de son temps au numéro 10 de la Hessische Strasse, au centre de Berlin. Au dernier étage du bâtiment, l’ambiance est plutôt calme dans les couloirs. Silke me présente quelques-uns de ses collègues affairés derrière leurs ordinateurs. Elle m’emmène dans la cuisine, pièce que se partagent les jeunes et les « adultes ». Elle nous sert un café et nous allons nous installer dans le bureau qu’elle partage avec un autre militant. Au mur, une grande affiche du Ché. « Ce sont les jeunes socialistes qui nous l’ont offerte », m’explique Silke. J’installe mon matériel pour enregistrer et renverse ma tasse partout par terre… Une interview matinale qui commence bien ; Silke rigole et me propose de me resservir. Je préfère refuser…

Silke a grandi à Coblence, « la ville où le Rhin et la Moselle se rejoignent ». Après quelques semestres à Göttingen, elle décide il y a environ quatre ans de continuer ses études d’administration publique à Potsdam. Malgré son jeune âge, son engagement politique remonte déjà à plusieurs années. En plus de la fac et de ses responsabilités au sein des Jeunes Ecologistes, elle est assistante au Parlement auprès d’un député… Vert, bien sûr.

L’Allemagne a-t-elle un rôle de leader à jouer en matière d’écologie ? En entendant ma question, Silke sourit. « Nous avons cette image de spécialistes du tri sélectif. Mon colocataire américain se moquait tout le temps de cette habitude que j’ai. L’Allemagne est certes très engagée contre le nucléaire, elle a peut-être un rôle de modèle dans ce domaine, mais cela ne veut pas dire que nous nous comportons en réels écocitoyens. Nous produisons encore beaucoup trop de CO2. »

L'écologie a beau être pour elle une préoccupation de tous les jours, Silke insiste sur le fait que la politique des Verts ne se résume pas qu’à cela. Si elle a décidé de s’investir dans le parti, c’est aussi son approche internationale des différentes problématiques. Passionnée par les thématiques européennes, Silke milite d’ailleurs aussi au sein de l’association « Jeunes européens ». « Nous nous positionnons en faveur d’une Europe fédérale. Il s’agit avant tout d’un intérêt prononcé pour l’Europe, et par là, pour tout ce qui se passe dans les différents pays européens ». Silke me raconte sa déception à l’issue de l’élection présidentielle française. « Deux femmes à la tête des deux plus grands pays d’Europe, ça aurait quand même été quelque chose… », soupire-t-elle. Confiante dans l’avenir du traité européen qu’elle aimerait voir ratifier le même jour par tous les pays membres, elle sait combien il est difficile de convaincre les citoyens de l’importance de l’Union européenne.

Mais Silke est bien déterminée à changer les choses, quel que soit l’effort que cela demande. Débattre, convaincre les autres : voilà deux choses dont elle ne se lassera jamais. Et qu’on ne lui parle pas de « mini-politique par les jeunes » ; d’après elle, notre génération a un droit de parole et une légitimité incontestables, notamment sur certains sujets qui nous concernent directement. « Si l’on se bat contre l’enregistrement de données personnelles tel qu’il est actuellement envisagé au niveau européen, c’est bien parce qu’on a grandi dans un monde digital, qu’on vit au quotidien avec Internet et que l’on connaît ce sujet mieux que quiconque ! », s’emporte-t-elle.

La génération 80, des jeunes moins politisés? Silke n’y croit pas vraiment. « Beaucoup de jeunes s’intéressent à la politique, seulement peu font le pas de s’y investir dans un cadre officiel. D’un côté, je les comprends : c’est tellement difficile de faire bouger les choses. On ne peut changer que millimètre par millimètre. Mais je préfère ce millimètre que de ne rien faire bouger du tout. »